Eric Prié, l'interview Rock'n'Roll part 5
Interview intégrale d'Eric Prié par téléphone pour Echecs et Mag (Avril 99). Remerciement à Frédéric pour l'autorisation de publication.
E&M : Quelle est la plus mauvaise partie que vous ayez joué ?
E.P. : Il y en a eu beaucoup. Un exemple: Je suis déjà beaucoup mieux au bout de dix coups avec les Noirs contre Hauchard en National 1 à Gonfreville cette année et donc je ne peux pas proposer nulle sans me couvrir de ridicule. Mais, je me mélange finalement les pinceaux (La fin de la partie est dans Europe-Echecs) alors que c'était presque fini et comme à chaque fois dans ces cas là je m'écroule. Mon équipe perd le match d'un demi point. Si j'avais battu Hauchard, mon équipe battait Gonfreville. C'est donc très mauvais souvenir. Il y a plein de parties tragiques comme celà. En 1993, j'aurai fait la couverture d'Europe-Echecs si j'avais fait nulle dans la dernière ronde face à Gurevitch au tournoi de Clichy et réalisé donc la norme de GM. Et j'ai perdu sur une grosse erreur alors que j'étais mieux. La même année contre JL Roos avec Clichy en finale de la coupe de France, en 94 contre Rotstein puis Chabanon au tournoi de GM de Paris où j'ai à nouveau raté la norme de GM d'un demi-point etc,etc
De façon générale et c'est pareil dans la vie je suis très mauvais dans les climats de tension. L'enjeu me fait perdre tous mes moyens, c'est pourquoi n'en déplaise aux organisateurs d'open, je déteste devoir jouer pour le gain les dernières rondes.
E&M : Quelle est la meilleure partie que vous ayez joué ?
E.P. : C'est une partie que je n'ai pas mené à son terme. Ce jour-là, j'avais fait une partie parfaite contre Glen Flear, qui avait lui aussi joué correctement, à Okham en 1993. Et j'ai fait nulle après avoir raté un mat en six coups . Ma carrière est constitué de bons et moins bons résultats. Et cela m'énerve car nombre de parties où j'avais pris un bon départ, ont connu le même sort.
E&M : Votre arrêt des échecs entre 1984 et 1988, vous a sûrement été préjudiciable ?
E.P. : Oui, c'est clair.
E&M : Ensuite, après 1995, vous avez eu des problèmes familiaux qui ne vous ont pas aidé.
E.P. : Oui, j'ai été marié à une Bulgare qui jouait aux échecs et nous avons divorcé sans avoir eu d'enfants. Aujourd'hui, je suis remarié avec une slovaque qui partage ma vision des choses et j'ai deux enfants.
E&M : On a le sentiment que vous parlez de votre carrière comme si le sommet de celle-ci était passé.
E.P. : Oui, c'est clair. 1995 a été le grand tournant. Dernièrement, en National 1, cela a été le cauchemar pour moi. J'aurais dû finir avec 1,5 point de plus.
E&M : Vous avez mis un petit bémol sur votre carrière ?
E.P. : Ce n'est pas un petit mais un gros. Je me consacre à ma fonction de Directeur Technique. En tant que joueur, pour moi c'est terminé. Je peux encore service à quelques clubs.
E&M : Cela doit être dur de voir votre carrière passée ?
E.P. : Oui, dans le sens où je me demande ce qui se serait passé si j'avais pu travailler et ne pas avoir de problèmes. Je me dis que j'aurais peut-être un niveau à 2600 et que je pourrai encore jouer un rôle gratifiant dans les tournois. Ca c'est mon regret, de ne pas avoir pu le vérifier.
E&M : Vous avez été entraîneur d'Etienne Bacrot, pouvez-vous nous en parler ?
E.P. : Etienne avait au début le talent que je n'ai pu voir que sur Fressinet et Frade-Marques. On sentait le génie en lui. Il a progressé. On a bien travailler avec ma méthode. Puis il a travaillé avec Dorfman qui est la personne qui comprend le mieux les échecs en France. On ne peut pas dire que ce soit un bon joueur car il ne le montre pas souvent ni une personne agréable sur le plan humain. Il fait beaucoup de nulles mais sa compréhension du jeu est impressionnante.
Ce qui est dommage chez Etienne et son père, c'est qu'ils manquent d'idées et d'initiative pour trouver du financement. Ils font aussitôt appel à la Fédération. Il faut aussi savoir travailler seul. Etienne Bacrot et Laurent Fressinet sont complètement opposés au niveau préparation. Fressinet sait travailler seul même si l'objet de ses recherches n'est pas toujours correct.
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